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Levaisseaudor

Ecrire, marcher pour laisser une trace. Correspondances imaginaires entre des êtres improbables. l'art "appliqué" de la rencontre. Actualité culturelle pas forcément actuelle. carnets (extraits) poético-philosophiques Impressions de voyage à mille lieues ou ici même.

en gare (3)

 

Ashuanpi. 13H

Le train s'arrête vraiment au milieu de nulle part, disons au mile 205; des gens attendent au bord de la voie, un gros marche pied sera posé pour leur permettre de monter dans le train très haut au-dessus du sol.En repartant, j'aperçois entre la voie et l'eau, au sein d'une tourbière une tente blanche avec un petit sentier conduisant de ce campement de fortune à la voie.

Toute à l'heure au wagon restaurant, je me suis plue à remplir le calendrier du mois d'août me souvenant par rebond de mes courses, visites, musées et restaurants. Cela m'a mise de bonne humeur et je me suis projetée dans le futur ce dont j'avais besoin. Quand j'écris que l'espace ici mange le temps, c'est vrai ; et cette langueur du train s'y accorde naturellement. Car malgré le trajet rectiligne, le train avance très lentement, faisant du 40 miles à l'heure.

Je suis heureuse, j'ai enfin trouvé l'endroit idéal pour écrire. Je suis assise sur un marche-pied à l'entrée d'un wagon de conception récente (on va dire), les fenêtres sont grandes ouvertes ce qui n'est le cas dans aucun wagon par mesure de sécurité je suppose, m'otant enfin cette odeur infecte de wc chimiques qui flottent partout dans le train sauf dans le wagon restaurant où, avec quelques autres ,nous avons été priés de quitter les lieux...

J'ai discuté avec un employé posté là toute à l'heure, nous avons parlé pêche et effectivement la truite se pêche ici uniquement à la cuillère et puis vin, je lui ai recommandé de goûter au vin d'Alsace supposé qu'il en trouve à la SAQ!

 

 

L'air est doux dans mes cheveux, je suis installée dans le voyage et l'écriture, chaque information nécessite que je la retranscrive. Je me sens différente. Ce voyage n'aura pas été de trop ou inutile ou”comme ça”. L'absence de R qui perdure me force en fait à aller au fond de moi même, au bout de mon questionnement n'enlevant en rien mes certitudes de vie future.

Je me prépare mentalement et corporellement. J'ai confiance et je ne reviens plus la desssus.

Je sais.

Je sais donc je suis.C'est très agréable d'avoir tout son temps, de le dépenser sans penser à le compter.Je vais être obligée de fermer l'ordi car la poussière risque de l'endommager. Je rentre.

 

16h20

Je me réveille, à mes côtés deux jeunes innus. Le jeune homme est un géant. La jeune fille Catheline est absolument ravissante : ils parlent fançais avec un accent inédit.Apparemment ils reviennent d'un camp de jeunes...La fille recherche dans l'immensité le campement familial, le gars vient de montrer deux chalets au bord d'un lac: c'est chez lui. Ils discutent sur un ton naïf :"j'aimerais sauter par-dessus la montagne, jouer au ballon avec le soleil.” "en as-tu déjà passé le gros pont?”

Nous retrouvons la rivière Moisie, la locomotive siffle. Je suis heureuse de rentrer, je regarde avidemment la photo de mes filles au musée Tinguely et je lis et relis un courriel de r. Rentrer à 7 îles déjà où je me sens bien à l'auberge, adoptée comme je suis! Je vais surfer sur les opportunités avec pourquoi pas un camping sur l'île des Basques vu que j'ai réuni tout l'attirail! Oui ça me plait bien cette idée surtout si il fait beau. Je retrouve à l'instant mes deux pêcheurs de TONKA, la pêche a été prolifique mais surtout ils ont vu des ours et des orignaux!!!HAAAAAAAA j'enrage, mon odeur doit les repousser!

J'aurais dû m'arrêter là avec ces deux vieux dîgnes du Muppet show. Mais peut être pourront-ils m'indiquer quelqu'un pour les jours prochains. Voilà je me reconnais bien là : insatiable!

Un grand jeune homme style trappeur (oui c'est original!), celui qui a vu l'orignal et l'ours, m'invite à la maison manger sa truite. La proposition est séduisante mais je refuse poliment.

Sur le quai, m'attendent Gaston et mon vélo ; je demande aux deux compères à voir leur pêche débarquée dans des grosses glacières réfrigérées. Effectivement, ce ne sont pas des marseillais! Les truites sont énormes, mouchetées de points rouges. Ils me proposent un “lift” mais je suis pressée de rentrer à l'auberge, dormir!

C'est là que le paysage est le plus grandiose quand la rivière se fâche, impatiente de pénétrer le Fleuve ; alors elle bouillonne, fulmine, creuse, divague pour s'étrangler et à nouveau rejaillir suffocante, haletante mais heureuse de vivre.Les arbres alentours sont des chandelles vertes ou calcinées, ils se tiennent droits sur les parois abruptes des gorges, ne regardant le fond que de leur cime en plumeau.

 

Sept îles. 10H26

 

Je déjeune seule, une famille française est là qui m'insupporte. Alors que l'homme moustachu me dit ironiquement que je suis française à cause de mon accent, je lui réponds que je reconnais un français au Québec même muet.. Interloqué, il me demande comment? Par tous les produits Marathon(grand surface française de produits sortifs) qu'il porte sur son dos pardi!. Il me répond l'air suffisant, qu'il lui arrive d'en porter mais que ce n'est pas son habitude, voulant se démarquer. Je lui réponds que K la marque de son tee-shirt est un produit Marathon de très bonne qualité!

Je vais courir jusqu'à la plage y passer de bonnes heures à paresser, écrire sur mon carnet; Hier soir j'ai discuté avec une jeune fille de 28 ans instable...mondialement! Elle travailleà l'aluminerie Alouette comme ingénieur en informatique. Originaire du Burundi, elle a travailléau Mali, Ethyopie, EU, en France à Sophia-antipolis à Antibes mais elle ne se sent d'attaches nulle part. Je lui dit que la Rencontre peut être celle d'une personne ou d'un pays, elle viendra à son heure.Le monde apparemment n'a pas les mêmes dimensions pour chacun de nous, l'espace est une notion “intime” et correspond à notre regard sur les choses.

Je clos ici une page importante de mon voyage vécue pour la première fois pas comme une performance entraînant échec ou réussite mais comme une nouvelle “particule élémentaire” dans la constitution de mes cellules Ma pensée est connectée en permanence à R, ce qui fait que ces deux jours sans courriel ne me pèsent pas je dirais presque au contraire, notre communication est encore plus rapide, “haut débit”. Décidément je ne voyage pas seule, je suis accompagnée par la personne la plus précieuse de mon existence. Marchons.

 

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