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Levaisseaudor

Ecrire, marcher pour laisser une trace. Correspondances imaginaires entre des êtres improbables. l'art "appliqué" de la rencontre. Actualité culturelle pas forcément actuelle. carnets (extraits) poético-philosophiques Impressions de voyage à mille lieues ou ici même.

Lourdes et l'institutrice

Notre Père qui êtes au cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l’Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai
Avec son océan Pacifique
Et ses deux bassins aux Tuileries
Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
Avec toutes les merveilles du monde
Qui sont là
Simplement sur la terre
Offertes à tout le monde
Éparpillées
Émerveillées elles-mêmes d’être de telles merveilles
Et qui n’osent se l’avouer
Comme une jolie fille nue qui n’ose se montrer
Avec les épouvantables malheurs du monde
Qui sont légion
Avec leurs légionnaires
Avec leurs tortionnaires
Avec les maîtres de ce monde

Les maîtres avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs
reîtres
Avec les saisons
Avec les années
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l’acier des
canons.

Jacques Prévert, Paroles (1945)

 

Je viens de voir Lourdes, un film fait d'une attente, une seule, sublime : le moment où Sylvie testud se lèvera. Se lèvera de son fauteuil roulant. L'attente d'un miracle? Non, l'attente d'un amour unique, le seul, le vrai qui lui seul élève...

Pourquoi l'institutrice? Parce que son travail à l'institutrice c'est justement d'élever, autrement dit de mettre debout. Et là encore pas de miracle, seulement l'attention, l'écoute et donc la compréhension.

A est institutrice auprès de délinquants majeurs dans leur acte mais mineurs par leur âge. De longs parcours déjà d'hommes-enfants qui tous sans exception dans l'excès ou l'absence  ont souffert d'une affection défaillante, un tuteur qui lmaintient droit le temps que le jeune plant puise ses forces. Il n'est alors pas question d'argent ni de santé mais d'amour.

 L'amour véritable est souvent maladroit, mais humblement il sait placer des limites, sait dire non, à peine je t'aime...

.Ces jeunes gens n'ont connu qu'un amour malade qui viole ou cet autre qui plie, menace, promet et s'enfuit...

Au diable, les pédagogies qui "construisent", les pédagogies constructivistes, la psycho et les neuro sciences, tout ce qui confond sensible et sensiblerie, tout ce qui raisonne et ne pense plus : Les maîtres avec leurs prêtres, leurs traitres et leurs reîtres... il n'y a rien à construire, il  y a juste à lever ou relever. L'élève...

Si Bachelard nous entraîne dans une imagination verticale, je prône en ces temps de rentrée scolaire une pédagogie qui verticalise. Une pédagogie qui émancipe de ces vendeurs de soupe, de ces techniciens de l'écoute chère, de ceux qui attendent...tout autre chose que le petit miracle de Lourdes : se mettre debout.. Ceux  qui attendent la retraite, les 6 bons numéros, la mort de la vieille ou du vieux, qu'on les serve à table, l'aumone ou la fin du monde, la gloire ou la victoire, pour tous ceux qui au détriment de "l'autre" n'attendent pas l'essentiel, je ne veux pas prier mais pleurer.

pleurer pour le mal qu'il m'ont fait et pour celui qu'ils font ou feront aux autres.

Aime toi pour aimer ton prochain

 Le film se termine par le plus terrible qui puisse arriver à celui qui se relève.

Amen

 

 

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